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Al-Qaida met en garde les touristes en Tunisie Le silence embarrassé des autorités au Maghreb
LE MONDE | 12.03.08 | 13h55
Les autorités se taisent et les rumeurs vont bon train. Près de
trois semaines après la disparition de deux touristes autrichiens au
Sahara et la revendication de leur enlèvement, en début de semaine,
par l'organisation d'Al-Qaida aux pays du Maghreb islamique, les
Etats concernés sont avares de déclarations.
La Tunisie, où se trouvaient probablement les voyageurs au moment de
leur enlèvement, laisse entendre que le couple avait franchi la
frontière algéro-tunisienne avant son enlèvement. Et que donc Tunis
n'est en rien concerné par l'affaire. Pourtant, dans le même temps,
des opérations militaires de reconnaissance terrestres et aériennes
ont été signalées, dans le sud du pays, pour tenter de retrouver le
couple de touristes.
Déjà, en avril 2002, au lendemain d'un attentat meurtrier contre une
synagogue célèbre, dans l'île de Djerba, revendiqué par des
islamistes, Tunis avait tenté de faire croire à un acte isolé. Il
lui avait fallu faire machine arrière peu après.
Hier comme aujourd'hui, la position tunisienne s'explique. Avec près
de 7 millions de touristes accueillis en 2007 - soit bien davantage
que le Maroc -, le plus petit pays du Maghreb ne peut sans risque
voir écornée son image de pays sûr, à l'abri du terrorisme
islamiste. Il en va de la poursuite du "miracle" économique tunisien.
Les Algériens, de leur côté, ne sont pas plus diserts que leur
voisin. Les autorités n'ont guère envie de voir leur pays en
première ligne dans une affaire de terrorisme née dans un pays
tiers. Leur intérêt est de suggérer, ce à quoi s'emploie la presse
locale, que le groupe islamiste, avec ses deux otages, a quitté
l'Algérie, simple pays de transit, pour rejoindre une zone
montagneuse difficile d'accès au nord du Mali, après un périple de
plus de mille kilomètres à travers la Libye et le sud algérien. La
Libye aussi se tait tout comme les autorités maliennes.
Que les ravisseurs aient réussi à trouver refuge dans les montagnes
de l'Adrar n'est pas impossible pour peu que l'alerte ait été donnée
tardivement. Les islamistes y sont plus en sécurité qu'en Algérie
pour négocier le paiement d'une rançon.
Les services de sécurité algériens laissent entendre que le commando
islamiste responsable de l'enlèvement appartient à la mouvance
de "l'émir" du Sahara, le commandant de la 9e région de
l'organisation terroriste, Yahia Djouadi, connu sous le nom de Yahia
Abou Amar Etiarti. Réputé responsable de l'assassinat, en février,
de sept gardes frontières algériens à l'est de la ville d'El-Oued,
dans le sud du pays, les combattants de "l'émir" se déplaceraient en
fait entre l'Algérie, la Tunisie et la Libye, sans se soucier de
frontières forcément poreuses dans la région.
L'hypothèse est crédible. Elle ne doit pas faire oublier que
d'autres groupes sont à l'oeuvre dans cette immense bande sahélienne
qui court de la Mauritanie au Tchad, et embrasse pour partie le
Mali, le Niger, l'Algérie et la Libye.
Les Occidentaux s'en préoccupent. Les Américains disposent dans le
nord du Mali d'une présence militaire permanente. Et ils entraînent
les armées locales à la lutte antiterroriste. Quoique plus discrets,
les Européens aussi sont également actifs dans cette "zone grise".
On l'a vu fin 2007 au lendemain de l'assassinat de quatre touristes
français dans le Sahara mauritanien. Mais jusqu'à présent, la
présence des Occidentaux n'a pas permis de réduire les groupes
terroristes.