http://fr.groups.yahoo.com/group/Explo4x4/message/11503 per chi preferisce il francese.
L'ombre d'Al-Qaïda derrière les disparus du Sahara
PEU A PEU, la chape de silence imposée par les autorités algériennes sur la
disparition dans le Sahara de 29 touristes - 15 Allemands, 10 Autrichiens, 4
Suisses, un Suédois et un Neéerlandais - se fendille. Et les quelques
informations disponibles confirment ce que beaucoup craignaient : les voyageurs
occidentaux ont probablement été enlevés. Ils seraient entre les mains d'un
groupe de rebelles dirigés par Mokhtar Belmokhtar, 31 ans, un trafiquant qui
s'est récemment rapproché d'Al-Qaïda.
Soucieux de préserver le tourisme, les Algériens ont laissé penser à des
disparitions accidentelles La thèse du kidnapping fait peu de doute. Soucieux
de préserver l'attrait touristique du Sahara, les Algériens ont dans un premier
temps laissé entendre que ces disparitions étaient accidentelles. Une version
démentie par les faits. Un premier groupe, composé de six Allemands, quatre
Suisses et un Néerlandais, s'est volatilisé le 21 février à mi-chemin entre les
petites villes de Ouarglat et Djanet, dans la région désertique de l'Ilizi.
Trois semaines plus tard, le 8 mars, deux couples de motards allemands
originaires d'Augsburg disparaissaient dans le même secteur. Fin mars enfin, ce
sont 10 Autrichiens, 5 Allemands et un Suédois, partis pour une randonnée en
Jeep depuis la frontière tunisienne, qui ne donnaient plus de nouvelles. Selon
le ministère des Affaires étrangères autrichien, un message rédigé en allemand,
disant « Nous sommes encore en vie », aurait été retrouvé toujours dans la
région d'Ilizi. Ce message, ainsi que la succession de disparitions dans une
même région, exclut la thèse accidentelle. Par ailleurs, aucun des véhicules
n'a été retrouvé malgré les intenses recherches conduites par la gendarmerie et
l'armée algérienne, qui ont mobilisé 1 200 hommes, deux hélicoptères et un
avion de reconnaissance équipés de caméras thermiques. Selon une source
algérienne proche de l'enquête, une telle opération de kidnapping ne peut avoir
été conduite que par Mokhtar Belmokhtar. Ce jeune Algérien, surnommé le Borgne
en raison d'une cicatrice à un oeil, souvenir d'un bref passage dans les maquis
d'Afghanistan, nargue depuis dix ans le gouvernement algérien. Ses hommes,
armés et équipés de puissants tout-terrains, contrôleraient tous les trafics le
long de la frontière avec la Libye, le Niger et le Mali.
Belmokhtar est davantage un bandit de grand chemin qu'un islamiste Ce groupe,
simplement désigné par les initiales de son chef, MBM, s'est fait connaître en
janvier 2000, quand ses menaces avaient obligé les organisateurs du Paris-Dakar
à annuler une étape dans le nord du Niger. Selon les services de renseignements
algériens, Belmokhtar est davantage un bandit de grand chemin qu'un authentique
islamiste. Depuis quelques années pourtant, il s'est rapproché du GSPC d'Hassan
Hattab, dont il assure l'approvisionnement en armes. En février dernier, des
émissaires de la CIA américaine s'étaient déplacés à Alger pour confier leurs
craintes sur Belmokhtar. Selon les Américains, celui-ci aurait mis son
savoir-faire à la disposition d'Al-Qaïda. Il aurait accueilli des proches
d'Oussama ben Laden en fuite et assurerait la liaison avec des camps
d'entraînement installés dans le désert libyen. La piste d'Al-Qaïda apparaît
d'autant plus crédible que les kidnappeurs semblent avoir délibérément choisi
des touristes de langue allemande. Or, les premières disparitions ont eu lieu
alors que s'achevait à Francfort le procès des quatre islamistes algériens
soupçonnés d'avoir préparé un attentat à Strasbourg. Ces hommes, condamnés à de
lourdes peines, sont aujourd'hui emprisonnés outre-Rhin. Ils appartenaient tous
au Groupement salafiste de prédication et de combat.
Frédéric Vézard
Le Parisien , vendredi 18 avril 2003